L'attaque des fous T12 by ARTHUR TENOR

L'attaque des fous T12 by ARTHUR TENOR

Auteur:ARTHUR TENOR [TENOR, ARTHUR]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2003-06-30T22:00:00+00:00


9

Gilles tétanisé

Le Félin élimine son troisième garde. Il aurait préféré éviter ces morts, mais les hommes du comte sont des plus vigilants, réagissant au moindre son suspect. De toute évidence, ils s’attendent à une attaque imminente. Ayant tiré le cadavre derrière un amas de pierres, l’espion s’accroupit dans une guérite dont il ne reste que des moignons de mur. De là, il observe la cour intérieure du site, fort encombrée de chariots, de tentes et d’une foule de dormeurs allongés pêle-mêle. Les guetteurs — le Félin en compte une quinzaine — se sont postés sur les parties de rempart restées à peu près intactes, qu’ils arpentent d’un pas régulier. Mais dans les brèches, personne ! Au porche d’entrée, balayé par les courants d’air, trois malheureux plantons font le pied de grue, appuyés sur la hampe16 de leur hallebarde.

«Où sont les chevaliers ? s’interroge le Félin. Dans les tentes ? » Il en compte cinq, assez vastes pour loger les officiers. Quant à la piétaille, elle semble au complet, disséminée dans ce camp de fortune et sans doute dans les salles du donjon. Ainsi, ce à quoi il ne voulait pas croire est sous ses yeux : Guillaume de Lauzon et son armée se sont mis à l’abri du danger dans une passoire. Ils attendent maintenant les événements en ronflant, comme un ours attend le printemps. C’est trop stupide pour être honnête. Aussi décide-t-il de prendre quelques risques pour en savoir davantage. Il repère la tente qu’il lui sera le plus aisé d’approcher, étudie son parcours qui, pour l’essentiel, longera les ruines... C’est alors qu’il remarque une bizarrerie : aucun feu de camp n’est allumé, si bien que la cour est plongée dans une pénombre insolite. De même, aucun garde ne brandit de torche ; seul rougeoie sur la plate-forme de la tour le brasero des guetteurs. Le Félin en tire une conclusion : il doit faire vite...

Gilles, de son côté, ne va pas mieux. Sa cheville ne cesse d’enfler, au point qu’il se demande si cela va s’arrêter. Mais la souffrance qu’il endure n’est que broutille en comparaison de ses remords. Il en vient même à souhaiter qu’on le découvre, dans cette cheminée au fond de laquelle il est recroquevillé comme un chien terrorisé. Pour l’atteindre, il a dû ramper sur le chemin de ronde encombré de gravats, puis claudiquer dans l’escalier en colimaçon d’une tour. Enfin, il a trouvé cette minuscule pièce qui devait autrefois servir de logement à un serviteur. Un rayon de lune filtre par la fenêtre, dessinant un trapèze sur le sol de briques. Gilles garde les yeux rivés sur cette plaque de lumière, lorsqu’un cliquetis dans l’escalier le fait tressaillir. Les battements de son cœur s’accélèrent, car il ne doute pas qu’il s’agit d’un soldat montant prendre son tour de guet sur le rempart. Effectivement, la pointe d’une lance apparaît dans l’encadrement de la porte, puis son propriétaire, coiffé d’un casque à bord étroit et portant une tunique de cuir épais. A cet instant, Gilles bouge un pied, provoquant un frottement à peine perceptible.



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